La plupart des membres expérimentés des communautés kink et sex-positive ont une assez bonne connaissance des bases du consentement concernant les pratiques sexuelles et les pratiques kink. Cependant, les choses prennent une dimension différente lorsque nous jouons un rôle d’organisation, d’enseignement ou un rôle thérapeutique au sein de nos communautés. Ces directives fournissent un aperçu des éléments clés à prendre en compte lorsque vous incarnez ce type de rôle. Ils ont été écrits par un groupe d’organisateurs-ices d’événements et de thérapeutes / éducateurs-ices kink-affirmative.
Cela peut compliquer la facilité avec laquelle les autres peuvent librement consentir à du sexe, du jeu ou une relation (quelle que soit sa nature) avec vous. Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités ! Même si vous ne vous sentez pas très puissant⋅e et que vous êtes conscient⋅e de tous vos défauts et imperfections, le simple fait de jouer ce type de rôle signifie que d’autres personnes peuvent vous prêter une forme de supériorité. Iels peuvent se sentir flatté⋅e⋅s par toute attention de votre part, vouloir votre approbation ou se mettre la pression pour faire ce que vous dites, même si vous leur dites qu’iels peuvent dire “non”. Iels pourraient avoir peur de vous décevoir. De plus, votre rôle peut signifier que vous disposez de moins de temps et d’énergie que les autres, par exemple si une personne a besoin de plus d’aftercare ou de soutien émotionnel que prévu, ou si quelque chose de difficile se produit pendant une rencontre.
Par exemple, si vous êtes plus âgé⋅e ou plus expérimenté⋅e que l’autre personne. S’il existe entre vous des différences de genre, de race, d’ethnie, de classe sociale, de revenus, d’éducation, de langue, de handicap, ou d’autres différences qui impliquent que vous appartenez à un groupe culturellement plus privilégié. S’il existe des différences qui impliquent que la personne est généralement considérée comme moins «attirante» sur le plan culturel, moins à même de trouver des partenaires facilement, ou ayant des problèmes de confiance en soi ou de santé mentale.
Par exemple, en tant qu’organisateur/trice ou facilitateur/trice, vous pouvez avoir plus d’aura qu’une autre personne de la communauté. Les gens peuvent être moins susceptibles de signaler votre comportement que de signaler le comportement des autres. La communauté peut être plus susceptible de vous croire que quelqu’un d’autre si quelque chose ne va pas. Si quelqu’un est votre employé⋅e ou votre animateur/trice d’atelier, iel peut avoir peur de vous offenser et que vous ou d’autres personnes ne retiriez votre participation financière, votre soutien ou l’accès à vos réseaux.
En cas de doute, mieux vaut simplement ne pas le faire. Par exemple, de nombreux animateurs/trices se font un devoir de jouer ou de ne rencontrer que des personnes en dehors des communautés dans lesquelles ils sont connus en tant qu’enseignant⋅e / dirigeant⋅e ou professionnel⋅le. Une autre possibilité consiste à rechercher des partenaires parmi d’autres personnes occupant des rôles similaires, en créant éventuellement des espaces en ligne et hors ligne spécifiques.
Les dirigeant⋅e⋅s et les professionnel⋅le⋅s qui nouent régulièrement des relations avec leurs client⋅e⋅s ou leurs étudiant⋅e⋅s ou qui jouent régulièrement avec les participant⋅e⋅s directement après avoir dirigé un événement ou animé un atelier peuvent susciter des inquiétudes.
Un bon moyen de faire en sorte que le rapport de pouvoir soit différent est de ne jamais être celui ou celle qui initie le jeu ou les relations possibles avec ces groupes de personnes. Mais souvenez-vous qu’une certaine différence de pouvoir et de rôle existe toujours, même si vous laissez les autres prendre l’initiative.
Avant de faire quoi que ce soit, discutez explicitement de la dynamique entre vous et de l’impact possible. C’est généralement une bonne pratique, peu importe qui vous êtes. Pouvez-vous garantir que chacun d’entre vous se sentira vraiment capable de dire «non» à quelque chose ou d’arrêter quelque chose avec lequel iels sont mal à l’aise ? Si ce n’est pas le cas, il vaut mieux ne pas y aller.
C’est malaisant et abusif ! Cela ne peut pas être fait consensuellement. Par tous les moyens possibles, efforcez-vous de donner du crédit à ce qu’une personne dit vouloir et encouragez-là à l’exprimer, mais impliquer que vous en savez plus sur les désirs ou le corps de quelqu’un d’autre est infantilisant et non consensuel.
Si vous sentez que vous avez peut-être déjà eu involontairement des comportements non consensuels, ou si vous n’êtes pas certain⋅e des limites ou des positions de pouvoir que vous occupez, cherchez de l’aide avant d’aller plus loin. Pink Therapy peut vous mettre en contact avec un professionnel attentif, qui peut fournir un mentorat, une supervision, une orientation ou une thérapie, en fonction de ce qui est approprié.
Si vous avez suivi tous les conseils 1 à 9 et que quelqu’un vous accuse quand même de comportement non consensuel, cela peut sembler très difficile. Il est très possible que cela déclenche initialement chez vous des réactions très douloureuses, et que vous ayez besoin de temps pour réfléchir. Un soutien est disponible pour vous aider à réfléchir à votre pratique, à déterminer la voie à suivre la plus empreinte de compassion (pour vous-même et pour l’autre personne ou les personnes concernées) et pour faire office de médiateur le cas échéant. Ne rejetez pas immédiatement quelqu’un qui porte une accusation. Évitez d’utiliser les médias sociaux (par exemple, demander en amis ou liker des publications) comme moyen subtil de rentrer en lien, préparer votre défense ou présenter des excuses. Méfiez-vous des réponses publiques immédiates sans avoir recueilli des conseils (voir conseil n°9) sur la meilleure façon de procéder. Ça peut être incroyablement difficile pour les gens d’admettre ouvertement qu’ils ont vécu quelque chose de non consensuel. Donc, si des membres de la communauté sont rejetés ou mis en doute lorsqu’iels font de telles déclarations, cela peut dissuader d’autres personnes de faire des rapports sur des comportements non consensuels.
Nous participons depuis de nombreuses années à la communauté du kink, certain⋅e⋅s en tant qu’organisateur/trices d’événements, d’autres ayant assisté à un large éventail d’événements et de fêtes. Nous sommes des psychologues, des psychothérapeutes, des éducateurs sexuels, des sexologues cliniciens et des travailleurs corporels sexologues. La plupart d’entre nous avons entre 5 et 30 ans d’expérience dans une vaste gamme de modes de vie et de formes de relations. Nous assistons régulièrement à des séances de formation professionnelle continue axées sur le kink.
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Traduit en français par Aurélien pour le Kinky Salon Paris.